2024/09/07 Comment peut-on encore être païen ?
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2024/09/07 Comment peut-on encore être païen ?
COMMENT PEUT-ON ENCORE ETRE PAÏEN ?
Le titre de cet article est une sorte de paraphrase d'une des plus célèbres phrases de la littérature française : "Comment peut-on être persan ?", tirée des Lettres persanes du non moins célèbre Baron de Montesquieu.
Qui illustre, comme chacun sait, l'étonnement de bourgeois parisiens du XVIIIème siècle découvrant - avec stupeur ? - qu'il puisse exister des gens ne leur ressemblant pas.
Tout d’abord, l’étymologie. Païen vient de paganus : paysan, habitant de la campagne. Également : pagus, village, et par extension, lieu, contrée, région, pays.
Comme pagus était l’antithèse de la cité, de la ville, symbole d’éducation et de civilisation, le terme païen eut d’emblée une connotation péjorative, renforcée par les chrétiens pour décrédibiliser un peu plus encore les anciennes croyances et ceux qui les avaient adoptées – et qui les maintenaient vivantes.
D’ailleurs, cette connotation péjorative subsiste encore de nos jours, puisque participant à l’opposition entre monothéisme et polythéisme, et de ce fait, en notre Occident, l’opposition entre le christianisme et les religions natives.
Alors, vous vous dites païen ? Bien. Très bien. Nous en sommes enchantés.
Mais de quel paganisme vous réclamez-vous ? Chamanisme ? Wicca ? Asatrù ? Druidisme ? Hindouisme ? Animisme ? Traditions amérindiennes ?...
Notez au passage que le terme Paganisme a été utilisé à partir du IVème siècle par les chrétiens pour désigner ceux qui n’étaient pas monothéistes, donc qui n’étaient ni chrétiens ni juifs (l’islam n’existait pas encore).
Nous venons d’énumérer quelques variantes contemporaines du paganisme, nous pourrions citer également les néo Grecs, néo Romains, néo Egyptiens, néo quelque chose … Et il y aurait gros à parier qu’il en naisse d’autres dans les années à venir. Tous ces mouvements sont révélateurs d’une attente, d’une réaction au matérialisme ambiant – matérialisme insufflé dans l’esprit des enfants dès leur plus jeune âge - d’une recherche d’un autre message, voire d’une autre « Vérité » car aussi en réaction à la démission des religions dites « du Livre »…
C’est-à-dire venues des sables.
Tout cela cohabitant avec des religions ou courants spirituels qui, eux, prennent leurs racines dans un passé très ancien, millénaires ou multimillénaires, toujours vivants, toujours suivis et pratiqués comme le Brahmanisme, l’Hindouisme, le Bouddhisme, le Shintoïsme, …
Parvenus à ce point, on ne saurait omettre de citer le Shamanisme et l’Animisme.
Mais là, une distinction s’impose.
L’Animisme peut être qualifié de religion, présente sur quasiment tous les continents, et en particulier largement présente dans les pays d’Afrique noire. Il s’agit de la croyance en l’existence d’une âme – ou esprit – force vitale pourrait-on dire aujourd’hui, présente en chaque partie du monde manifesté, présente et animant chaque chose, êtres animés et inanimés, hommes, animaux, végétaux, minéraux, montagnes, cours d’eau, corps célestes, planètes et étoiles…
En résumé, à tout ce qui existe dans la Nature.
Cette énumération porte à penser que le Druidisme, sur bien des points, possède des caractéristiques partagées avec l’animisme. Les Dieux et les Déesses sont en effet en rapport étroit avec tous les règnes de la Nature :
- Règne animal : Andarta, Artio, Cernunnos, Epona, …
- Cours d’eau : Sequana, Deva, …
- Sources d’eau : Borvo, Devona, …
- Astres : Belenos, Belisama, …
Toutefois, il n’est pas possible de se contenter d’une classification nette et précise sachant qu’un dieu peut avoir plusieurs attributs, ce qui indique une certaine polyvalence … ou tout simplement un recouvrement de fonctions avec d’autres.
- Belenos, par exemple, réputé être dieu solaire, est également associé aux sources, à la santé ;
- Belisama, déesse de la Lune, est associée aux sources, aux pouvoirs guérisseurs ;
- Rosmerta, c’est l’abondance, la fertilité, symbole de la terre féconde
- Grannos, dieu solaire, guérisseur, associé aux sources thermales
- Cernunnos, cycle biologique de la Nature, puissance masculine et fécondité
- Sucellos, dieu de la vie et de la mort, tue et ressuscite avec son maillet, aussi associé aux forêts, au travail du bois, à l’agriculture, à l’ivresse …
- …
Sans s’étendre sur cette énumération qui n’en finirait pas, sont déifiés l’ours, le cerf, le cheval, les sources, les cours d’eau, le soleil, la lune, les étoiles, le tonnerre, la foudre, des qualités et des défauts naturels (sécheresse ou fécondité) de la terre ou des humains…
Ceci nous fait naturellement penser à un autre paganisme que celui de nos propres territoires, la spiritualité amérindienne, système assez diversifié de croyances millénaires.
Quelle que soit la région du globe, quel que soit le pays vers lequel nous nous tournons (Ouest de notre continent, Nord de l’Europe, Afrique, Asie, Amérique du Nord et du Sud, Sibérie), nous retrouvons le même type de croyances, toujours profondément enracinées dans les esprits et les cultures locales, même si les pratiques peuvent beaucoup varier.
Le Chamane considère que toutes les choses du monde naturel – les animaux, les arbres, les cours d’eau – sont interconnectées et qu’il y a une énergie spirituelle qui circule à travers toute la Nature. D’où le respect de la terre et de ses ressources, l’importance d’honorer autant les animaux que les ancêtres.
Le Druide occidental – ou même le simple croyant – en est-il si loin, lui qui a sacralisé son environnement et qui reconnaît ses dieux et ses déesses en chaque chose, et qui les honore ?
Peu importe au demeurant. Vous êtes adepte d’une religion dite « native », polythéiste, vous êtes « pagan », « d’un endroit », enraciné dans votre ethnie, dans vos traditions, en harmonie avec le lieu où vous êtes né ou simplement où vous vivez.
Vous êtes donc loin de toute religion exportée, étrangère, éventuellement dite « unique et véritable », et soi-disant « universelle ».
Alors, pour vous, pas de Dieu créateur, pas de Fils unique, pas de Rédempteur, ni Paradis ni Enfer ?
En effet, vous êtes païen. Et peut-être plutôt néopaïen, sans que ce terme soit péjoratif. Mais vous ne supportez pas ce sobriquet dont vous affublent les tenants des « religions du Livre », vous n’êtes pas ce rustre, cet inculte, cet ignorant, ce mécréant, que ce terme désigne, quelquefois avec commisération, condescendance, souvent avec mépris.
L’essence profonde du Paganisme a traversé les siècles. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il soit resté semblable à lui-même depuis ses origines. Ses apparences, son aspect extérieur, l’idée que l’on s’en fait et l’image même qu’il donne au monde, ce que, peut-être, nous pourrions appeler son écorce, a subi sans nul doute de sérieuses transformations. Serait-il en effet crédible de croire et de soutenir que ce que nous en savons, ou ce que nous en vivons, soit identique en ce troisième millénaire, à ce qu’il était au Néolithique, voire même en des périodes plus anciennes ?
Finalement, vous êtes peut-être – sans doute, et même sans aucun doute – plus religieux, c’est-à-dire plus « relié », que bien d’autres, et en particulier que ceux-là mêmes qui vous dénigrent.
Car pour vous, il n’y a point de séparation entre le monde physique, concret en apparence, dans lequel vous vivez, et le monde spirituel. Pas de distinction entre Matière et Esprit.
Pour vous, l’esprit divin, l’énergie divine, est en tout, et partout. Dans chaque atome, dans chaque particule de matière, dans chaque grain de sable, dans chaque rocher, chaque planète, chaque constellation …
Quant aux Dieux et aux Déesses, seraient-ils des entités indépendantes, plus ou moins anthropomorphes, tutélaires des vents, du tonnerre, de la foudre ? Seraient-ils des êtres en proie aux mêmes sentiments que les humains, susceptibilité, jalousie, envie, orgueil ?
Ou alors seriez-vous portés à les concevoir, à juste titre selon votre propre point de vue, comme les multiples expressions de cette énergie universelle qui se manifeste à travers les éléments naturels ? Si cette énergie s’exprime dans l’air, dans l’eau, le bois ou la roche, ne s’exprimerait-elle pas également en vous et à travers vous, Fils ou Filles de la Terre, poussières d’étoiles ?
Païen donc, paganiste certainement, polythéiste peut-être, car l’identification de Dieux et de Déesses différenciés a-t-elle encore un sens si on les considère comme les multiples facettes d’une énergie principielle ? Mais encore, cette définition ne vous satisfait pas ? Auriez-vous adopté une autre forme de paganisme ? Il est vrai que les formes en sont multiples. Prenons un instant pour en définir ou en rappeler les plus courantes.
- Polythéisme : existence de plusieurs Dieux et Déesses
- Panthéisme : Dieu est tout (Dieu est tout, ou en tout), ce qui marque la distinction par rapport au monothéisme puisque dans ce cas, Dieu est le Créateur et considéré « à l’extérieur » de sa création
- Animisme : une âme anime tous les êtres vivants, mais aussi la matière inanimée, la pierre, le bois, l’eau, le vent …
- Hénothéisme : Un Dieu joue un rôle prépondérant par rapport aux autres, d'où un culte préférentiel.
Alors, "religion du pays", "religion du sol", "religion native", telle est la religion des Celtes, des Gaulois, notre religion, dont les prêtres n'ont rien couché par écrit, et pour laquelle il est difficile de se faire une idée très précise tant les témoignages archéologiques sont rares, et souvent difficiles à interpréter.
Oui, le Druide est païen, il reconnaît la présence divine – ce que personnellement nous appelons la Grande Intelligence Organisatrice – l’énergie animatrice et organisatrice, en chaque être, en chaque chose, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, et qui se manifeste de multiples manières.
Que nos Anciens ont voulu désigner sous le nom des Dieux et des Déesses.
La Nature n’est pas assujettie à l’homme, puisqu’il fait partie intégrante de cette Nature. Les animaux ne sont pas des êtres inférieurs, ils sont, au même titre que l’homme, sur la voie de l’évolution. L’homme aurait d’ailleurs bien souvent des leçons à prendre d’eux.
Alors, « comment peut-on encore être païen ? »
Ne vaudrait-il mieux pas dire, maintenant :
« COMMENT PEUT-ON ENCORE NE PAS ETRE PAÏEN ? »
/|\Arzh Gadarn Sujets similaires
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