COLLEGE DRUIDIQUE DES GAULES
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2024/09/04 L'histoire de Gwyon

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Message par Gwyon Mer 4 Sep - 12:40

Clairière Uxellia




L’HISTOIRE DE GWYON


Le nain Gwyon  Bach est l’un des principaux personnages de la mythologie celtique.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut être conscient que l’étude de cette mythologie est riche d’enseignements, comme c’est très souvent le cas de toute mythologie.
Basés sur des faits réels ou imaginaires, ces récits sont toujours porteurs d’enseignements.

Mais pour ce qui concerne le domaine celtique, on manque considérablement de documents écrits. Ce qui n’est pas étonnant puisque l’on sait que les Druides privilégiaient l’enseignement oral, suivant le principe que la parole écrite est une parole morte, contrairement à l’oralité. Et que de toute façon, il était primordial d’exercer les différentes facultés de l’être, à commencer par la mémoire, une bonne mémoire étant indispensable pour bien mémoriser toutes les connaissances auxquelles on devait faire appel au cours de la pratique de son sacerdoce.

Présentons tout d’abord les deux personnages principaux, les deux protagonistes.

Gwyon Bach est l’un des symboles fondamentaux de la mythologie celtique galloise.
Son nom, Gwyon Bach, signifie « Gwyon le Petit ». Fondamental, car il est à l’origine de l’histoire de Taliésin (Barde) qui lui succède : il en possède les germes, qui vont lui donner ses qualités.

Ceridwen (Cerridwen, ou Kerridwen) : considérée à la fois comme reine, magicienne, sorcière, déesse de la fertilité et de la mort. Elle est associée à l’Occident, à l’Eau et à l’Automne, et, dans nos rituels, à la Terre Mère et aux moissons (comme dans Belotennia et Lugunaissatis).

Il y a bien longtemps, en des temps reculés où le règne d’Arthur n’en était alors qu’à ses débuts, vivaient un Seigneur et sa Dame, qui n’était autre que Ceridwen, très belle, et aux pouvoirs réputés puissants.
Ce couple avait deux enfants (mais on ne parle que de Morvran, le Grand Corbeau) :

• Creirwy, fille très belle comme sa mère,
• Morvran, garçon très laid, pour cette raison surnommé « Avangddu », le monstre noir.

Ne pouvant rendre son fils beau, néanmoins Ceridwen voulait-elle lui donner l’inspiration et l’illumination. En d’autres termes, l’Awen.
Sa vilaine couleur causait bien des soucis à sa mère car elle voyait clairement que son fils n’aurait aucun moyen d’être accepté parmi les gentilshommes à moins qu’il n’acquit des pouvoirs tout différents de ce que sa mine laissait attendre.

Elle décida alors de se rendre auprès des Pheryllt, Druides magiciens, afin d’apprendre d’eux la formule lui permettant de créer l’Awen.
Laissant ses enfants sous la garde de leur nourrice, elle chevaucha des journées durant sur sa jument Ecume Blanche pour arriver en leur ville à la tombée de la nuit.
Elle se fit ouvrir les lourdes portes de fer et fut accueillie par une femme brune qui la conduisit sans un mot jusqu’au cœur de la cité, dans la bibliothèque située dans la tour centrale.
Elle retranscrivit la formule d’après un parchemin décoloré, puis retourna en son château. Ses enfants dormaient dans leur chambre : Creirwy, dont les boucles d’or encadraient ses traits harmonieux et délicats, et Avangddu au visage difforme, s’agitant dans son sommeil.
Dans une hutte, elle se mit alors à préparer les ingrédients nécessaires à la potion destinée à son fils : un chaudron rempli d’eau fraîche dans lequel elle devait jeter des plantes et des racines cueillies à des moments spécifiques du jour et de la nuit – à l’aube pour certaines plantes, au couchant pour d’autres, à la lune noire pour certaines racines, à la pleine lune pour le restant.

Le tout devait mijoter pendant un an et un jour dans le gros chaudron en fonte, le feu devant être entretenu constamment. A l’issue de ce temps précis, trois gouttes jailliraient du chaudron, chargées de toutes les vertus des plantes. Quel que soit l’homme sur qui retomberaient ces trois gouttes, celui-là deviendrait très savant en de multiples sciences, et serait rempli de l’esprit prophétique.

D’autre part, le suc de ces plantes – mis à part les trois gouttes dont il a été question – serait le plus violent poison qui pût exister au monde : il ferait exploser le chaudron en morceaux et se répandrait sur la surface de la terre.

Ceridwen choisit un vieil aveugle, Morda, pour s’occuper du chaudron et en agiter le contenu. Le garçon qui lui servait de guide s’appelait Gwyon Bach. Ceridwen le chargea d’entretenir le feu sous le chaudron.
Ainsi, chacun d’eux assura constamment son service, l’un en entretenant le feu, l’autre en agitant le contenu du chaudron tandis que Ceridwen le maintenait plein d’eau et de plantes pendant la durée d’un an et un jour.

Alors, Ceridwen amena son fils à côté du chaudron pour qu’il reçût les gouttes quand viendrait le moment où elles sauteraient du chaudron. Puis, en attendant, elle posa son séant par terre et tomba endormie juste à l’instant où les trois gouttes chargées de puissance sautèrent du chaudron. Mais elles retombèrent sur un doigt de Gwyon Bach qui avait poussé Morvran (Avangddu) pour prendre sa place. La brûlure du liquide lui fit porter le doigt à sa bouche, il absorba celui-ci, et reçut aussitôt l’illumination.

Au même moment, le chaudron fit entendre un rugissement, et il explosa sous l’action violente du poison.
Ceridwen se réveilla aussitôt brutalement. Gwyon s’en aperçut, et il était maintenant tellement savant qu’il voyait clairement qu’avec une nature aussi venimeuse, elle allait chercher à le tuer sitôt qu’elle saurait qu’il avait supplanté son fils pour recevoir les gouttes magiques.
Il se précipita hors de la hutte et s’enfuit à toutes jambes.

Bien réveillée, Ceridwen questionna son fils qui lui expliqua comment Gwyon avait réussi à l’évincer. A cette nouvelle, elle sortit de sa maison en courant comme une démente à la poursuite de Gwyon Bach. Ses hurlements de colère firent à Gwyon froid dans le dos.
Ceridwen avait couru si vite à sa poursuite qu’en quelques instants elle était à deux pas de le prendre à la gorge. Elle tendit les bras en courant, et à l’instant où ses longs ongles commencèrent à s’enfoncer dans la chair de son cou, Gwyon découvrit qu’il pouvait se changer en l’animal de son choix. Ainsi – par une seule pensée – il se transforma en lièvre.

Se dégageant de l’étreinte de Ceridwen, il eut bientôt l’avantage, franchissant aisément un fossé et une haie. Mais Ceridwen ne se laissa pas déjouer. Avec le pouvoir de la Déesse de la lune changeante, elle se métamorphosa en levrette noire, et la chasse continua.

Se précipitant à travers la haie et sautant des fossés, elle eut tôt fait de rattraper le terrain perdu. Là, à sa portée, se trouvait le lièvre ! Elle bondit, prête à le prendre à la gorge, mais au moment où ses crocs acérés allaient s’enfoncer dans le lièvre, les deux animaux se précipitèrent dans un ruisseau au courant rapide.
Gwyon, fort à présent de toute sa connaissance, savait qu’il devait se transformer en saumon et, aussitôt, il descendit le courant, sentant l’eau fraîche sur son corps alors qu’il filait vers l’océan.
Mais Ceridwen s’était aussi vite transformée en loutre et continuait sans relâche la poursuite de sa proie. Et à l’instant où les griffes de la loutre se tendaient vers la peau argentée de Gwyon, celui-ci se changea en oiseau, sortant son corps hors de l’eau et s’élevant haut dans les airs.
Mais aussitôt, elle se fit faucon et plana bientôt au-dessus du malheureux Gwyon, prête à fondre sur lui lorsque, apercevant un tas de blé vanné, il décida de devenir lui-même un grain de blé. Sûrement, elle ne le trouverait jamais là !

Tombant à pic du ciel, il se changea en un petit grain de blé au moment précis où son corps d’oiseau rencontra le tas de grains. Ceridwen vola jusqu’au sol et, mue d’une détermination glaciale, se métamorphosa encore, cette fois en grosse poule noire à crête rouge. Avec une précision troublante, son bec s’enfonça dans le tas de blé, préleva et avala cette graine, unique parmi des milliers, qui était Gwyon Bach.

Alors, satisfaite, Ceridwen rentra chez elle.
Mais la graine prit vie en elle – Gwyon était devenu un bébé, encore une fois – et neuf mois durant, il grandit dans la matrice de cette même déesse qui s’était employée à le détruire.

Quand vint le moment pour elle d’accoucher, Ceridwen était bien décidée à tuer Gwyon qui avait si finement réussi à éviter la mort. Mais une fois né, le bébé était si gracieux et si beau qu’elle n’eut pas le cœur de le tuer.
Tandis qu’elle le contemplait, il y eut deux choses qu’elle trouva au-dessus de ses forces : lui porter un dommage corporel de sa propre main, ou supporter que personne ne lui fît du mal en sa présence.

Elle serrait le bel enfant entre ses bras, et l’allaita quelque temps, avant de décider de le placer dans un sac en cuir qu’elle cousit et jeta à la mer sur un coracle .


2024/09/04 L'histoire de Gwyon Coracl10


Pendant neuf mois, le coracle vogua sur l’eau. Neuf mois durant, Gwyon était là, dans l’obscurité, à voyager avec son âme entre ce monde et l’autre, à découvrir des secrets, à apprendre des chansons.
Pendant neuf mois, il était retenu dans le ventre de l’océan, à ressentir l’amour de la Déesse Lune dans le flux et le reflux de la marée, à ressentir la puissance du Dieu du Ciel dans le souffle et la furie du vent. Et tout ce temps, il voyageait dans ce sac en cuir vers son avenir – vers son père adoptif Elffin – qui lui aussi voyageait à la rencontre de son destin – à la rencontre de l’enfant qu’il trouverait bientôt dans le déversoir à saumons de son père, le Sire Garanhir.

Garanhir, un riche écuyer de la Cour de Maelgwn Gwynedd, possédait une pêcherie sur la rive de la Conwy, à proximité de la mer, pêcherie dans laquelle on trouvait, au moment de Samain, quantité de saumons.

Garanhir avait un fils nommé Elffin, qui servait à la Cour de Maelgwn. C’était un homme noble et généreux, très aimé de ses compagnons, mais dissipé et prodigue comme le sont la plupart des hommes de Cour.
Tant que Garanhir conserva ses biens, Elffin ne manqua pas d’argent à dépenser avec ses compagnons, mais lorsque sa richesse commença à diminuer, Garanhir arrêta de fournir de l’argent à son fils.
Celui-ci se plaignit à ses compagnons de ne plus pouvoir garder ses relations avec eux du fait de la gêne de son père. Cependant, il en chargea certains d’aller demander pour lui du poisson à la pêcherie, le soir de Samain.

Garanhir aurait voulu aider son fils Elffin, qui toute sa vie n’avait connu que la malchance : il leur accorda l’objet de leur requête pour qu’ils prennent autant de saumons qu’ils pouvaient.

Garanhir avait coutume d’y aller lui-même et y avait toujours trouvé bonne pêche de saumons, pris dans les filets que ses serviteurs avaient étendus à travers le déversoir.
Alors que les poissons nageaient vers leur frayère en amont, ils trouvaient, non pas les lits des ruisseaux familiers de leur naissance, mais les rets fatals de ses filets tendus.
Au moins, pensa Garanhir, Elffin pourra gagner pour lui-même une somme princière avec la vente de ces poissons, et un retour triomphal au festin de célébration de Samain.

Mais quand Elffin arriva au déversoir avec ses serviteurs, il n’y trouva pas un seul saumon ; on distinguait juste une sorte d’ombre noire au fond de la nasse. Confirmant ainsi sa crainte qu’il était voué à la malchance, Elffin se mit à se lamenter sur son sort, se mettant à accuser son mauvais destin et disant, le visage tourné en direction de sa demeure, qu’il était l’homme le plus malchanceux et le plus infortuné du monde. Puis il lui vint l’idée de retourner pour voir ce qu’il y avait dans la nasse.

La forme noire était un Coracle.

Il retira le sac de l’eau, leva son couteau et le trancha, faisant apparaître le front d’un jeune enfant. Stupéfait, et émerveillé à la fois, il contempla le bébé devant lui. Se retournant vers ses serviteurs, il s’exclama :

« Regardez, un front radieux ! Voici un tal-iesin ! »

C’est-à-dire un front blanc.
A ces mots, le jeune garçon du Coracle répondit :

« Soit, que ce soit Tal-iesin ».

C’était l’âme de Gwyon Bach, qui avait grandi dans le ventre de Ceridwen laquelle, après lui avoir donné naissance, l’avait jeté à la mer après l’avoir enfermé dans le sac de cuir.

Elffin prit le sac, le plaça sur le dos de l’un des chevaux dans un panier d’osier, où Taliesin chanta les englyns  appelés « Consolation d’Elffyn ».

Voici ce qu’il chanta :

« Bel Elffin, arrête tes pleurs,
Il ne sert à rien de former de faux espoirs,
Dans la pêcherie de Gwyddno, on n’a jamais trouvé
Rien d’aussi bien que ce soir. »


Et différentes strophes qu’il chanta pour divertir Elffin sur le chemin du retour.
Rentré chez lui, Elffin confia sa trouvaille à son épouse, qui le nourrit avec tendresse et affection.
A partir de cette époque, la fortune d’Elffin se développa de plus en plus chaque jour, ainsi que son crédit et son prestige auprès du prince.
Nous verrons un peu plus tard ce que devint Taliesin.

/|\Arzh Gadarn



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