2024/09/10 Monothéisme et polythéisme
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2024/09/10 Monothéisme et polythéisme
MONOTHEISME ET POLYTHEISME
Il est dit dans la Bible « au commencement était le Verbe », propos que j’éclairerai ici par la célèbre phrase de Jacques Lacan, « l’homme est un être langagier », ce qui signifie entre autres que le monothéisme est une part importante constitutive de notre structure, sans que nous en ayons le choix ; cette structure régit non seulement notre mode de pensée, mais également toute la culture dans laquelle nous baignons.
Adopter le polythéisme est donc forcément une démarche tardive dans la vie de chacun, originale, marginale, qui nous met en quelque sorte « au ban » de notre société. Cette démarche s’avère ardue pour plusieurs raisons :
Le paganisme fut notre religion depuis plus de 130 000 ans. Le monothéisme est apparu avec l’avènement du pharaon Akhénaton (Aménhotep IV ou Amenophis IV), qui régna sur l’Egypte pendant la seconde moitié du 14e siècle avant notre ère. Il bâtit une nouvelle capitale, Akhétaton (l’Horizon d’Aton) et quitta Thèbes, la ville d’Amon, donnant à Aton la place d’Amon, soit l’astre solaire dans son aspect sensible, le Disque. Ce dieu simple à comprendre ne nécessitait plus son interprétation par un clergé, Amon étant le « dieu caché ». Le roi devenait l’intermédiaire obligatoire entre les hommes et le dieu, son incarnation sur terre, renforçant ainsi son absolutisme. Il régnait à égalité avec son épouse, Nefertiti, reproduisant ainsi le schéma du couple divin. C’est un point commun essentiel que l’on retrouve dans toutes les formes de monothéisme, « à Dieu unique, gouvernement unique ».
Au début ce culte tolérait la présence des autres dieux, puis Akhénaton ferma certains temples et rattacha les biens cléricaux à la couronne, et fit effacer le nom des anciens dieux. Le pays fut livré alors aux persécutions anti-amoniennes. Ce dieu n’avait pas d’autre forme que celle du disque solaire, et ne pouvait être représenté ni par l’image ni par des idoles (cela ne rappelle rien ?) Akhénaton composa un Hymne à Aton qui n’est pas sans rappeler les Psaumes de David. Il va sans dire que le polythéisme fut rétabli dès sa mort, et ses prêtres furent chassés.
En ce qui concerne le judaïsme, la plus ancienne mention d’Israël dans un texte extrabiblique fut découverte en Egypte sur une stèle décrivant la campagne militaire du fils de Ramsès II (moitié du 13e siècle avant notre ère) contre Canaan, au cours de laquelle un peuple nommé Israël aurait été anéanti. Si un Exode a vraiment eu lieu, il devrait s’être déroulé vers la fin du 13e siècle, ce qui semble correspondre aux persécutions des prêtres d’Aton. Il n’existe pas la moindre preuve archéologique d’une quelconque présence d’un peuple distinct nommé Israël avant cette période. Il n’y a néanmoins pas le moindre tesson de poterie attestant de l’Exode dans les lieux mentionnés par la Bible à cette époque non plus. Le bibliste américain George Mendenhall avance la théorie que les premiers israélites auraient été des paysans rebelles qui auraient fui les cités de Canaan pour se réfugier dans les hautes terres. Les nouvelles idées égalitaires auraient été importées à Canaan par un petit groupe venu d’Egypte. L’avènement d’Israël serait donc la conséquence d’une révolte sociale de déshérités (ou de nomades sédentarisés) stimulée par l’intrusion d’une nouvelle idéologie visionnaire, celle des prêtres d’Akhénaton.
Puis vint le christianisme, religion née d’une secte juive. En 312, 5 à 10% de la population était chrétienne. Ce fut l’autocrate Constantin qui révolutionna l’Occident romain en imposant cette nouvelle religion, toutefois de manière tolérante, se contentant de favoriser les chrétiens et légalisant l’Eglise. Le succès du christianisme fut dû essentiellement à la délivrance de l’angoisse du devenir qu’elle offrait, à la sécurité intérieure qui devenait accessible à tous.
Le polythéisme n’excluait pas un certain monisme, l’existence d’un principe supérieur unique, que l’on retrouvait dans tout, passivement unifiant. Aristote, Platon, les Stoïciens, Plotin, étaient, d’après les écrits qui nous sont parvenus, polythéistes monistes. Cependant l’immense quantité des textes qui nous sont parvenus nous incite à nous interroger sur leur provenance.
Les mots « biblos » et « liber » désignent l’écorce intérieure de l’arbre, utilisée comme support, ainsi que des tablettes d’argile, puis des rouleaux de papyrus et des parchemins. De nombreux textes furent transmis par voie orale, comme l’Illiade et l’Odyssée, transmise par les aèdes. Très tôt les écrits firent l’objet de censure, et les querelles religieuses (dont, on l’a compris, l’enjeu était politique) firent disparaître nombre de manuscrits. Dans l’antiquité il y avait des bibliothèques, souvent détruites (la grande bibliothèque d’Alexandrie) où travaillaient des copistes. Au Mont Saint Michel, Jacques de Venise, clerc et spécialiste du droit canon, traduisit pour la première fois Aristote du Grec en Latin, au 12e siècle. Quand on sait qu’Aristote écrivit la Métaphysique au 1er siècle avant notre ère, on peut légitimement s’interroger sur la provenance de ce texte grec parvenu au 12e, eu égard à la fragilité des supports originaux et aux destructions et autres incendies. Lorsque l’on étudie les textes de ces philosophes de l’Antiquité, on constate que finalement ils offrent une voie royale à la pensée monothéiste, comme s’ils en étaient les précurseurs incontestables par le biais de l’argumentation moniste. Par ailleurs, en lisant le texte d’Homère, ou les pièces de théâtre d’Aristophane ou d’Euripide, on se rend compte qu’il ne s’agit absolument pas de la même langue, du même style, et que la pensée sous-jacente est radicalement différente. A quoi bon falsifier une épopée historique ou des pièces de théâtre récréatives ? Ne devine-t-on pas la main du moine copiste dans cette phrase de Plotin :
« Il faut chanter les dieux intelligibles, et au-dessus de tous le grand roi des êtres intelligibles, qui témoigne de sa grandeur par la pluralité des dieux » ….quelle logique !
L’Eglise était en outre un organisme complet, ce que n’était pas le paganisme : il y avait des sacrements, des livres saints, des réunions liturgiques de la propagande, une morale, des dogmes. Il fallait confesser sa foi et respecter la Loi divine. Cela correspondait à un besoin de sécurité, ce qui n’est pas sans évoquer les raisons de la propagation de l’Islam de nos jours. Le paganisme était une religion, le christianisme était bien plus, c’était aussi une croyance, une morale, avec des règles de vie, le tout sous l’autorité ecclésiale. Cette nouvelle religion recouvrait toutes les choses de la vie, tout était enfin sous contrôle, c’était une puissante machine d’encadrement. Le paganisme n’avait pas l’Eglise, pas de Pape. Le christianisme était en outre prosélyte, ce que n’était pas le paganisme, de même que le judaïsme.
Les trois religions du désert ont en commun un dieu qui ordonne et interdit, récompense et punit, exigeant un culte exclusif : il maîtrise même le sort, le fatum. Le dieu monothéiste est une entité supérieure, qui a la nationalité de celui qui pense, parle sa langue. A cette image a toujours été associé son opposé, ce qui permet à ses délégués de tenir une comptabilité et de dresser la liste de ce qu’il faut réprimer. Croire au Mal, c’est croire en un dieu unique. On ne trouve pas trace de ce manichéisme dans le monde antique, qui toutefois admettait certaines représailles pour des crimes par des forces supérieures aux fonctions peu décrites. Cela ne signifie pas que la notion de bien et de mal n’existait pas, mais on ne retrouve pas trace de notion absolue de ces deux concepts, mais plutôt des degrés de vice et de vertu.
Pourtant notre ancienne religion païenne polythéiste transpire par tous les pores de notre culture.
Yahvé sous peine de mort interdit à l’homme de goûter du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; il se contentera de le bannir du Jardin d’Eden loin de l’Arbre de Vie avec force malédictions. Asmodée, « Celui qui fait périr », surintendant des enfers, est le serpent qui détourna Eve de son destin ; mais c’est à lui que revient la charge d’enseigner la géométrie et l’astronomie. « Faire périr », c’est « initier », puisqu’il faut pour évoluer quitter son ancienne condition. C’est pour cette raison que les Maçons poussent un cri d’horreur lors du rituel de passage au 3e degré : croyant rencontrer dieu, ils trouvent le diable ! Toujours dans la tradition maçonnique, Hiram, le bâtisseur du temple de Salomon, travaille au service d’un dieu qui n’est pas le sien. Phénicien et polythéiste, il ne se convertit pas à la religion de son maître. Dans sa construction sacrée il associe le monde végétal (Bois de la construction du temple) le monde minéral (colonnes Boaz et Jakin) et animal (sang de son propre sacrifice).
Nous savons tous que nos cathédrales ont été bâties sur d’anciens lieux de culte païens, ainsi que bon nombre de nos églises. Les Gaulois utilisaient aussi les lieux de cultes de la préhistoire, à ceci près qu’ils ne les occultaient pas, ne les détérioraient pas, mais semblaient en prolonger la mémoire.
Jamais l’Eglise ne parvint à éradiquer notre ancienne religion, et dut se contenter de la « recouvrir », donnant aux fêtes de la roue d’autres noms, rebaptisant les anciens lieux de pèlerinage, les sources curatives, où jamais ils ne parviendront à retirer tous les clous plantés sans relâche dans l’arbre dédié, à fin de fécondité, même si BRIGIT est devenue Brigitte.
Ce qui me fait dire qu’il faut être fou pour le ne pas être païen, ce n’est pas tant les mensonges éhontés de l’Eglise, le massacre des hérétiques malgré le « tu ne tueras point », les contradictions, si énormes qu’on n’y prête plus attention, ni le fait que Jésus de Nazareth n’a sans doute jamais existé (le seul écrit mentionnant son nom est un rajout tardif dans le livre de Flavius Josèphe - seconde moitié du 1er siècle, rajout du 4e - ; il est à prendre en considération qu’à l’époque de l’occupation romaine de la Palestine, plusieurs individus nommés Josuah luttèrent contre l’envahisseur). Ce qui fait que je suis polythéiste tient en une phrase de Lord Byron :
« L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ».
Se souvenir. Compter sur notre mémoire génétique pour redécouvrir ce qui nous a été définitivement arraché, occultation qui a pour conséquence la déréliction de notre civilisation : le Sacré, l’harmonie avec l’Univers, qui seule nous permet d’agir sur notre environnement, la fameuse « Parole Perdue »…ou plutôt « Parole Volée » ? Car l’Eglise nous a volé ce qui faisait notre humanité.
Avec le monothéisme, religion de confort, où il suffit de croire sans comprendre, de suivre les règles imposées, de répéter à l’envi certains mots, de respecter certains interdits alimentaires et de se flageller, se meurtrir l’âme, s’humilier, ramper, pour accéder aux délices de l’immortalité dans un Paradis empreint de confort et de bienséante componction, j’ai choisi de me souvenir.
Et je me suis souvenue que SIRONA pouvait me soulager dans ses eaux, que TARANIS foudroyait mes ennemis, qu’EPONA et ROSMERTA assuraient ma descendance et protégeaient ma maison, que BORVO bouillonnant au centre de la terre me dispensait sa force, que LUG m’assistait pour certaines tâches, que CERNUNNOS m’accompagnerait à ma dernière demeure dans ce cycle, que MAPONOS, puis BELENOS et BELISAMA ouvraient pour moi la voie flamboyante que j’emprunte aujourd’hui. Je me suis souvenue que c’est en cercle que tourne notre terre, et notre voûte céleste, et qu’en formant ce cercle c’est l’Univers que nous représentons, nous qui participons de son intelligence.
L’Elise et sa pensée formatée ont conditionné l’évolution de la science, nous privant, nous coupant de notre ancien savoir. Devenue carante avec des miracles qui tardaient à venir, comme pour le reste, nous avons dû nous contenter de la molécule chimique, oubliant que nos forces, nos vibrations, nos énergies en résonnance peuvent créer, guérir, faire naître et faire mourir. Et c’est cette lobotomie, cette amputation, cet anéantissement que je ne pardonnerai jamais aux religions dites du Livre et du désert.
Que je renaisse encore dans le chaudron du DAGDA pour redire à mes frères et sœurs ce que j’ai appris !
/|\Ategnata[/size]
Il est dit dans la Bible « au commencement était le Verbe », propos que j’éclairerai ici par la célèbre phrase de Jacques Lacan, « l’homme est un être langagier », ce qui signifie entre autres que le monothéisme est une part importante constitutive de notre structure, sans que nous en ayons le choix ; cette structure régit non seulement notre mode de pensée, mais également toute la culture dans laquelle nous baignons.
Adopter le polythéisme est donc forcément une démarche tardive dans la vie de chacun, originale, marginale, qui nous met en quelque sorte « au ban » de notre société. Cette démarche s’avère ardue pour plusieurs raisons :
- comment « penser » en polythéiste alors que toute notre philosophie est basée sur le monothéisme, en l’occurrence le christianisme ?
- comment franchir le pas de nos craintes inconscientes, relevant d’obscures superstitions, comme celle de trahir notre « lignée », nos ancêtres, d’encourir on ne sait quel courroux divin, avec des conséquences ignorées de tous mais bel et bien promises ?
Le paganisme fut notre religion depuis plus de 130 000 ans. Le monothéisme est apparu avec l’avènement du pharaon Akhénaton (Aménhotep IV ou Amenophis IV), qui régna sur l’Egypte pendant la seconde moitié du 14e siècle avant notre ère. Il bâtit une nouvelle capitale, Akhétaton (l’Horizon d’Aton) et quitta Thèbes, la ville d’Amon, donnant à Aton la place d’Amon, soit l’astre solaire dans son aspect sensible, le Disque. Ce dieu simple à comprendre ne nécessitait plus son interprétation par un clergé, Amon étant le « dieu caché ». Le roi devenait l’intermédiaire obligatoire entre les hommes et le dieu, son incarnation sur terre, renforçant ainsi son absolutisme. Il régnait à égalité avec son épouse, Nefertiti, reproduisant ainsi le schéma du couple divin. C’est un point commun essentiel que l’on retrouve dans toutes les formes de monothéisme, « à Dieu unique, gouvernement unique ».
Au début ce culte tolérait la présence des autres dieux, puis Akhénaton ferma certains temples et rattacha les biens cléricaux à la couronne, et fit effacer le nom des anciens dieux. Le pays fut livré alors aux persécutions anti-amoniennes. Ce dieu n’avait pas d’autre forme que celle du disque solaire, et ne pouvait être représenté ni par l’image ni par des idoles (cela ne rappelle rien ?) Akhénaton composa un Hymne à Aton qui n’est pas sans rappeler les Psaumes de David. Il va sans dire que le polythéisme fut rétabli dès sa mort, et ses prêtres furent chassés.
En ce qui concerne le judaïsme, la plus ancienne mention d’Israël dans un texte extrabiblique fut découverte en Egypte sur une stèle décrivant la campagne militaire du fils de Ramsès II (moitié du 13e siècle avant notre ère) contre Canaan, au cours de laquelle un peuple nommé Israël aurait été anéanti. Si un Exode a vraiment eu lieu, il devrait s’être déroulé vers la fin du 13e siècle, ce qui semble correspondre aux persécutions des prêtres d’Aton. Il n’existe pas la moindre preuve archéologique d’une quelconque présence d’un peuple distinct nommé Israël avant cette période. Il n’y a néanmoins pas le moindre tesson de poterie attestant de l’Exode dans les lieux mentionnés par la Bible à cette époque non plus. Le bibliste américain George Mendenhall avance la théorie que les premiers israélites auraient été des paysans rebelles qui auraient fui les cités de Canaan pour se réfugier dans les hautes terres. Les nouvelles idées égalitaires auraient été importées à Canaan par un petit groupe venu d’Egypte. L’avènement d’Israël serait donc la conséquence d’une révolte sociale de déshérités (ou de nomades sédentarisés) stimulée par l’intrusion d’une nouvelle idéologie visionnaire, celle des prêtres d’Akhénaton.
Puis vint le christianisme, religion née d’une secte juive. En 312, 5 à 10% de la population était chrétienne. Ce fut l’autocrate Constantin qui révolutionna l’Occident romain en imposant cette nouvelle religion, toutefois de manière tolérante, se contentant de favoriser les chrétiens et légalisant l’Eglise. Le succès du christianisme fut dû essentiellement à la délivrance de l’angoisse du devenir qu’elle offrait, à la sécurité intérieure qui devenait accessible à tous.
Le polythéisme n’excluait pas un certain monisme, l’existence d’un principe supérieur unique, que l’on retrouvait dans tout, passivement unifiant. Aristote, Platon, les Stoïciens, Plotin, étaient, d’après les écrits qui nous sont parvenus, polythéistes monistes. Cependant l’immense quantité des textes qui nous sont parvenus nous incite à nous interroger sur leur provenance.
Les mots « biblos » et « liber » désignent l’écorce intérieure de l’arbre, utilisée comme support, ainsi que des tablettes d’argile, puis des rouleaux de papyrus et des parchemins. De nombreux textes furent transmis par voie orale, comme l’Illiade et l’Odyssée, transmise par les aèdes. Très tôt les écrits firent l’objet de censure, et les querelles religieuses (dont, on l’a compris, l’enjeu était politique) firent disparaître nombre de manuscrits. Dans l’antiquité il y avait des bibliothèques, souvent détruites (la grande bibliothèque d’Alexandrie) où travaillaient des copistes. Au Mont Saint Michel, Jacques de Venise, clerc et spécialiste du droit canon, traduisit pour la première fois Aristote du Grec en Latin, au 12e siècle. Quand on sait qu’Aristote écrivit la Métaphysique au 1er siècle avant notre ère, on peut légitimement s’interroger sur la provenance de ce texte grec parvenu au 12e, eu égard à la fragilité des supports originaux et aux destructions et autres incendies. Lorsque l’on étudie les textes de ces philosophes de l’Antiquité, on constate que finalement ils offrent une voie royale à la pensée monothéiste, comme s’ils en étaient les précurseurs incontestables par le biais de l’argumentation moniste. Par ailleurs, en lisant le texte d’Homère, ou les pièces de théâtre d’Aristophane ou d’Euripide, on se rend compte qu’il ne s’agit absolument pas de la même langue, du même style, et que la pensée sous-jacente est radicalement différente. A quoi bon falsifier une épopée historique ou des pièces de théâtre récréatives ? Ne devine-t-on pas la main du moine copiste dans cette phrase de Plotin :
« Il faut chanter les dieux intelligibles, et au-dessus de tous le grand roi des êtres intelligibles, qui témoigne de sa grandeur par la pluralité des dieux » ….quelle logique !
L’Eglise était en outre un organisme complet, ce que n’était pas le paganisme : il y avait des sacrements, des livres saints, des réunions liturgiques de la propagande, une morale, des dogmes. Il fallait confesser sa foi et respecter la Loi divine. Cela correspondait à un besoin de sécurité, ce qui n’est pas sans évoquer les raisons de la propagation de l’Islam de nos jours. Le paganisme était une religion, le christianisme était bien plus, c’était aussi une croyance, une morale, avec des règles de vie, le tout sous l’autorité ecclésiale. Cette nouvelle religion recouvrait toutes les choses de la vie, tout était enfin sous contrôle, c’était une puissante machine d’encadrement. Le paganisme n’avait pas l’Eglise, pas de Pape. Le christianisme était en outre prosélyte, ce que n’était pas le paganisme, de même que le judaïsme.
Les trois religions du désert ont en commun un dieu qui ordonne et interdit, récompense et punit, exigeant un culte exclusif : il maîtrise même le sort, le fatum. Le dieu monothéiste est une entité supérieure, qui a la nationalité de celui qui pense, parle sa langue. A cette image a toujours été associé son opposé, ce qui permet à ses délégués de tenir une comptabilité et de dresser la liste de ce qu’il faut réprimer. Croire au Mal, c’est croire en un dieu unique. On ne trouve pas trace de ce manichéisme dans le monde antique, qui toutefois admettait certaines représailles pour des crimes par des forces supérieures aux fonctions peu décrites. Cela ne signifie pas que la notion de bien et de mal n’existait pas, mais on ne retrouve pas trace de notion absolue de ces deux concepts, mais plutôt des degrés de vice et de vertu.
Pourtant notre ancienne religion païenne polythéiste transpire par tous les pores de notre culture.
Yahvé sous peine de mort interdit à l’homme de goûter du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; il se contentera de le bannir du Jardin d’Eden loin de l’Arbre de Vie avec force malédictions. Asmodée, « Celui qui fait périr », surintendant des enfers, est le serpent qui détourna Eve de son destin ; mais c’est à lui que revient la charge d’enseigner la géométrie et l’astronomie. « Faire périr », c’est « initier », puisqu’il faut pour évoluer quitter son ancienne condition. C’est pour cette raison que les Maçons poussent un cri d’horreur lors du rituel de passage au 3e degré : croyant rencontrer dieu, ils trouvent le diable ! Toujours dans la tradition maçonnique, Hiram, le bâtisseur du temple de Salomon, travaille au service d’un dieu qui n’est pas le sien. Phénicien et polythéiste, il ne se convertit pas à la religion de son maître. Dans sa construction sacrée il associe le monde végétal (Bois de la construction du temple) le monde minéral (colonnes Boaz et Jakin) et animal (sang de son propre sacrifice).
Nous savons tous que nos cathédrales ont été bâties sur d’anciens lieux de culte païens, ainsi que bon nombre de nos églises. Les Gaulois utilisaient aussi les lieux de cultes de la préhistoire, à ceci près qu’ils ne les occultaient pas, ne les détérioraient pas, mais semblaient en prolonger la mémoire.
Jamais l’Eglise ne parvint à éradiquer notre ancienne religion, et dut se contenter de la « recouvrir », donnant aux fêtes de la roue d’autres noms, rebaptisant les anciens lieux de pèlerinage, les sources curatives, où jamais ils ne parviendront à retirer tous les clous plantés sans relâche dans l’arbre dédié, à fin de fécondité, même si BRIGIT est devenue Brigitte.
Ce qui me fait dire qu’il faut être fou pour le ne pas être païen, ce n’est pas tant les mensonges éhontés de l’Eglise, le massacre des hérétiques malgré le « tu ne tueras point », les contradictions, si énormes qu’on n’y prête plus attention, ni le fait que Jésus de Nazareth n’a sans doute jamais existé (le seul écrit mentionnant son nom est un rajout tardif dans le livre de Flavius Josèphe - seconde moitié du 1er siècle, rajout du 4e - ; il est à prendre en considération qu’à l’époque de l’occupation romaine de la Palestine, plusieurs individus nommés Josuah luttèrent contre l’envahisseur). Ce qui fait que je suis polythéiste tient en une phrase de Lord Byron :
« L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ».
Se souvenir. Compter sur notre mémoire génétique pour redécouvrir ce qui nous a été définitivement arraché, occultation qui a pour conséquence la déréliction de notre civilisation : le Sacré, l’harmonie avec l’Univers, qui seule nous permet d’agir sur notre environnement, la fameuse « Parole Perdue »…ou plutôt « Parole Volée » ? Car l’Eglise nous a volé ce qui faisait notre humanité.
Avec le monothéisme, religion de confort, où il suffit de croire sans comprendre, de suivre les règles imposées, de répéter à l’envi certains mots, de respecter certains interdits alimentaires et de se flageller, se meurtrir l’âme, s’humilier, ramper, pour accéder aux délices de l’immortalité dans un Paradis empreint de confort et de bienséante componction, j’ai choisi de me souvenir.
Et je me suis souvenue que SIRONA pouvait me soulager dans ses eaux, que TARANIS foudroyait mes ennemis, qu’EPONA et ROSMERTA assuraient ma descendance et protégeaient ma maison, que BORVO bouillonnant au centre de la terre me dispensait sa force, que LUG m’assistait pour certaines tâches, que CERNUNNOS m’accompagnerait à ma dernière demeure dans ce cycle, que MAPONOS, puis BELENOS et BELISAMA ouvraient pour moi la voie flamboyante que j’emprunte aujourd’hui. Je me suis souvenue que c’est en cercle que tourne notre terre, et notre voûte céleste, et qu’en formant ce cercle c’est l’Univers que nous représentons, nous qui participons de son intelligence.
L’Elise et sa pensée formatée ont conditionné l’évolution de la science, nous privant, nous coupant de notre ancien savoir. Devenue carante avec des miracles qui tardaient à venir, comme pour le reste, nous avons dû nous contenter de la molécule chimique, oubliant que nos forces, nos vibrations, nos énergies en résonnance peuvent créer, guérir, faire naître et faire mourir. Et c’est cette lobotomie, cette amputation, cet anéantissement que je ne pardonnerai jamais aux religions dites du Livre et du désert.
Que je renaisse encore dans le chaudron du DAGDA pour redire à mes frères et sœurs ce que j’ai appris !
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