2024/10/17 Religion et pratique spirituelle
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2024/10/17 Religion et pratique spirituelle
Religion et pratique spirituelle
Le sujet de réflexion sur lequel j’avais demandé de travailler aux membres de ma Clairière Uxellia était relatif aux religions et aux pratiques spirituelles.
Il faisait suite à un autre travail concernant les Quatre Talismans répartis sur le Cercle lors de nos célébrations, et dont l’ordre (la répartition) était loin d’être anodin, comme chacun sait.
Ce qui suit peut donc être considéré comme une forme de retranscription libre des commentaires également libres sur les travaux de chacun, que nous avons échangés en commun au cours de l’une de nos réunions.
-oOo-
Le premier de ces deux points est de ceux pouvant interpeller le plus, autant les personnes déjà sur le Chemin que celles l'ayant emprunté de fraîche date, voire même celles qui hésitent encore à y poser le pied.
C'est d'abord et avant tout : la religion.
La religion attire comme elle repousse. Elle attire par certains aspects sécurisants, de voie toute tracée, de symboles préétablis et immuables, de rituels rodés, de mantras (quelle que soit la religion) qui sont autant de refuges et de moyens pour parvenir à "quelque chose d'autre", ...
La religion repousse par son aspect trop structurel, trop hiérarchisé, trop dogmatique, trop contraignant car "trop plein" (pardonnez cette expression) d'interdits et d'obligations en tous genres.
D’où le jugement sévère de Freud définissant la Religion comme « la névrose obsessionnelle du genre humain », comme celui guère plus mesuré de Nietzsche la déclarant aussi comme « névrose, narcotique, niaiserie rassurante ».
Mais je ne m’y arrêterai pas, sauf à rappeler que la Religion, quelle qu’elle puisse être, doit pouvoir donner un sens à la Vie. Car si la Science explique le “Comment” des choses, la Spiritualité, elle, en montre le “Pourquoi”.
Bien sûr, la religion (en général) n'a-t-elle pas un lourd passé derrière elle, une triste connotation bien souvent, d'interminables querelles internes, de multiples sectes et chapelles qui s'entredéchirent en se jetant mutuellement anathème sur anathème ?
Enfin, la religion n'est-elle pas bien souvent intolérante en n'acceptant pas que son fidèle suive une autre voie, parallèle, qu'il soit en même temps adepte d'une autre religion ? Et quand il s'agit non pas d'une autre religion mais simplement d'une pratique spirituelle quelque peu différente, n'y a-t-il pas, dans le meilleur des cas, dédain ou dénigrement pour des pratiques jugées superstitieuses, et dans le pire des cas, condamnation absolue, définitive, totale, sans jugement mais avec sanction immédiate et extrême ?
L'actuelle triste et glauque actualité nous en donne malheureusement maints exemples.
A bien y regarder, on constate vite qu'une telle attitude n'existe - dans le présent comme dans le passé - que dans ce que l'on appelle les "Religions du Livre", les religions dites monothéistes. Inutile de préciser, on sait de quoi et de qui il s'agit. Ces religions ont remarquablement développé leur caractère intolérant. Suivez mon regard ...
En revanche, il en va tout à fait différemment pour les religions polythéistes (toutefois j'ai déjà dû vous donner mon sentiment quant à la pseudo-opposition entre monothéisme et polythéisme ; si ce n'est pas le cas pour tous, j'y reviendrai).
Et parmi ces religions polythéistes, il y a les religions primitives, ou natives, telles que le Druidisme. Encore que le Druidisme ne soit pas si primitif que cela.
Je préfère ne pas développer ici le point de ce que j’appelle la “pseudo-opposition”, car il y a fort à en dire, et d’ailleurs /|\ATEGNATA en a déjà traité savamment. Ce n'est pas le sujet des commentaires que je voulais faire sur votre présent travail. Lequel travail je salue au passage par la réflexion souvent profonde que vous lui avez consacrée.
Il en va donc différemment pour les religions polythéistes, l'envahisseur – pas seulement romain, l’histoire des civilisations passées nous l’apprend sans conteste – n'hésitant pas bien souvent à s'approprier et à absorber telle nouvelle divinité en l'intégrant à son propre panthéon. Et l'inverse est aussi vrai chez l'envahi.
D'ailleurs, ceci était d'autant plus facile lorsqu'il s'agissait de dieux ou de déesses semblables - voire identiques - connus et révérés sous des noms différents.
Bref, sans nous égarer, au sens large, qu'est-ce qui caractérise une religion ? Trois éléments essentiels :
- Un ensemble de croyances, établies très souvent à partir d'une "révélation"
- La foi obligatoire en ces croyances, et en les dogmes qui en découlent
- L’appartenance à un groupe identifié uni par ces croyances et autour de ces dogmes, ce qui sous-entend également une hiérarchie, un corps sacerdotal, des rituels organisés
Puis-je donc dire être un fidèle d'une religion si ces trois points ne sont pas réunis ?
Réponse courante : NON.
Eh bien je vous réponds : SI !
On me dira alors que je me suis façonné une religion sur mesure, que je suis une brebis - voire un mouton - égarée, et je risque fort de me voir envoyer un(e) missionnaire pour un cours de rattrapage.
Mais il faut rappeler que le Druidisme n’a pas de Dogme, mais plutôt une Doctrine, qui s’apprend et s’enseigne dans le Grand Livre de la Nature.
Tout cela est-il vraiment important ? Est-il nécessaire d'adopter tout un ensemble de croyances, de textes à réciter, de vêtures spécifiques, de signes et de symboles particuliers, de faire partie d'une communauté bien identifiée, pour se relier à une quelconque intelligence divine, qu’elle soit simple ou multiple ?
Car si l'on se réfère à l'étymologie du mot religion, souvenons-nous déjà que ce mot dérive du latin religio qui signifie “attention scrupuleuse, conscience”. Donc “sentiment pieux, crainte pieuse, respect ou vénération, engagement sacré”.
Et nous trouvons d’ailleurs deux sources latines :
-relegere, qui signifie rassembler, recommencer avec respect, piété.
-religare, la plus courante, qui veut dire lier, ou relier ;
La religion est donc ce qui unit, réunit, cimente. Autant l'homme à son dieu qu'à son semblable.
- Union de l'homme à la divinité : mais est-il nécessaire de passer par l'intermédiaire qu'est la religion instituée et instaurée, et par son clergé ?
- Ciment entre les croyants d'une même foi : nous touchons là à une notion d'égrégore. Mais aussi lien social, communauté religieuse.
En celtique ancien, nous avons CREDIMa (croyance, religion) et CREDIMARos (croyant).
Piqûre de rappel : nous avons l'habitude de décrire le Druidisme comme étant à la fois :
- une religion
- une pratique spirituelle
- une philosophie
- une science
C’est quasiment la référence au titre de l'ouvrage majeur de Paul Bouchet : "Science et philosophie des Druides".
Comment donc pourrait-on considérer le Druidisme autrement que comme une religion à part entière ?
Cela semblait être le cas dans l'antiquité, puisque les prêtres des Gaulois étaient connus comme faisant partie d'une hiérarchie – même informelle – et qu'ils officiaient (tenaient leurs rituels) en des lieux déterminés, forêts, bosquets, mégalithes, ou sanctuaires construits.
Il y a néanmoins – je trouve – quelque chose d’un petit peu gênant de ne jamais considérer le Druidisme QUE comme une religion. C’est-à-dire, les Druides, QUE comme des prêtres, des sacerdotes, des ministres du culte, …
Je reviendrai sur ce fameux lieu consacré dont parle César :
“A une époque déterminée de l’année, ils tiennent leurs assises dans un lieu consacré, au pays des Carnutes, qui passe pour
être au centre de toute la Gaule.”
César, La guerre des Gaules, VI, 13
Pour ce qui concerne les mégalithes, autant il est clair que les Druides n’en furent pas les constructeurs ni en dirigèrent l’édification, autant on ne saurait trop se tromper en avançant que les prêtres des tribus celtes migrant vers les territoires de l’Ouest, mais aussi du Nord et de l’Est, les trouvèrent déjà en place, les utilisèrent à des fins cérémonielles ou funéraires, tout au moins au début.
Car en effet, nous avons d’assez nombreuses traces de constructions gauloises, la plupart de forme carrée ou rectangulaire, dont la destination fut vraisemblablement au moins religieuse.
Mais un Druide peut-il être Druide s'il n'a personne à enseigner ? Peut-il être Druide tout seul, pour lui-même, au fond de sa forêt, sans autres interlocuteurs que la Nature, les ruisseaux et les petits oiseaux ?
C’est ce qui est, pour certains, une véritable pierre angulaire : Druide pour soi ou pour les autres ?
Nous touchons là ce qui différencie une religion d'une pratique spirituelle.
On peut très bien avoir une pratique spirituelle, sincère, profonde, s'appuyant sur un ensemble de valeurs et de connaissances concernant la Nature, l'Homme, l'Esprit, l'Âme, sans pour autant se définir comme adepte d'une religion dûment identifiée, définie, cadrée, référencée...
Si vous me posez la question, je vous dirai que c'est la Connaissance et la Pratique spirituelle sincère qui priment, bien plus que l'étiquette collée sur le front, toujours réductrice.
Un point important a été évoqué : celui du rituel.
Quel que soit le cadre du rituel (religion, organisation initiatique traditionnelle, simple pratique spirituelle), trois éléments sont indispensables pour qu'apparaisse ce qu’un Marcassin nous a décrit d'une façon à la fois saisissante, réaliste, car très imagée : "vous en prenez une sacrée décharge":
- la structure profonde du rituel et le message à transmettre
- la façon dont le sacerdote "vit" réellement son rituel
- l'harmonisation de ceux pour qui ou devant qui se déroule ce rituel, et qui d’ailleurs sont à même d’y participer
Si l'on ne s'ouvre pas véritablement, si l'on n'est pas réellement attentif, si l'on ne "croit" pas réellement à la fonction du rituel et à ce qu'il est censé transmettre, alors on ne pourra recueillir l'influx spirituel correspondant à cette transmission. C'est particulièrement vrai lorsque la cérémonie se déroule devant et pour un groupe (la force de l'égrégore joue alors un rôle non négligeable), mais aussi lorsqu'une seule personne est concernée : cérémonie d'initiation par exemple.
Alors oui, bien sûr, le rituel aura d'autant plus d'effet que la force de conviction personnelle sera importante. Quant aux objets symboliques, les vêtements rituels, les couleurs et les sons éventuellement, les déplacements (déambulations), la gestuelle, ils serviront autant à la visualisation qu'à une forme de mise en condition. Néanmoins, nous aborderons le moment venu les principes et l'utilisation des ondes de formes et de la vibroturgie.
Pas de différence donc de fond entre ritualisations dans le cadre d'une religion ou d'une pratique spirituelle en-dehors de toute structure.
Et à ce sujet, un autre Marcassin nous fait justement remarquer que « La spiritualité peut se comprendre comme dissociée de la religion ou de la foi en un Dieu, jusqu'à évoquer une « spiritualité sans religion » ou une « spiritualité sans dieu ».
Et bien sûr : "la religion est surtout un dogme et elle est rigide, non ou peu évolutive". Et bien qu'elle soit "une colonne vertébrale, un encadrement rassurant", il faut justement parvenir à s'en détacher, à se libérer de son carcan pour enfin parvenir à une pensée naturelle, donc libre.
Une spiritualité serait-elle donc possible sans un Dieu à vénérer ?
Naturellement.
Surtout si l'on accepte le fait qu'esprit et corps ne font qu'un, que l'âme est une entité, peut-être fragment d'une grande âme cosmique, soumise au principe de réincarnation, et que les divers dieux et déesses ne sont peut-être que différentes manifestations d'une énergie-principe animant tout et toute chose depuis l'origine de l'Univers.
Alors tout devient facilement compréhensible si l'on remplace le mot "Dieu" par l'expression "Grande Intelligence organisatrice". Nous en avons déjà parlé, et nous pourrons reprendre le sujet.
Pour terminer, votre approche des Quatre Talismans (Pierre, Chaudron, Epée, Lance) est bonne. Et vous verrez au fil du temps qu'il vous sera possible d'approfondir encore davantage vos recherches et votre analyse. J'aime bien ce passage écrit par l’un d’entre vous :
« La lance est le symbole aussi de l'éclair et de la foudre. La lance symbolise l'homme, symbole de feu et de virilité. La lance et le chaudron sont deux principes complémentaires avec le sang qui est le principe vital qui contient l'âme. Seul le sang peut apaiser la lance ».
/|\Arzh Gadarn
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